Papa,
Je ne peux pas m'empêcher d'écrire encore et encore, j'ai l'impression qu'en écrivant j'arrive à me libérer. Une sensation sans doute bien éphémère, car elle revient au galop quelques heures après. Je t'ai écrit de nombreuses lettres dont tu ne verras jamais le jour, car je ne suis pas assez courageuse pour te les envoyer. A vrai dire, je ne veux pas t'inquiéter. J'ai juste besoin d'une oreille pour écouter mes problèmes, mais tu n'es pas là alors je fais avec les moyens du bord, JUSTE PAS LE CHOIX. J'ai dix-neuf ans et j'ai passé l'âge d'écrire un journal et puis écrire à son père c'est toujours mieux, ça le fait plus. Je plaisante et oui tu vois j'arrive encore à plaisanter. Tu sais comme j'aime rire, ça personne ne pourra me l'enlever. Cette idée d'internat n'était pas si mauvaise finalement même si parfois j'aimerais être avec toi comme avant. TU ME MANQUES PAPA. Mon coeur va mal papa, je ne pensais pas que l'amour cela pouvait-être comme ça, aussi dur. Je suis amoureuse Papa et j'ai eu du mal à l'admettre et je ne sais pas comment faire aujourd'hui. Pourquoi devrais-je être amoureuse d'un garçon avec qui je m'engueule à longueur de journée, ce n'est pas normal... Je me demande comment tu as pu surmonter la mort de maman, cela devait-être tellement dur pour toi, mais non tu es resté fort, la tête haute. J'aimerais être aussi courageuse que toi. Il nie pourtant je sais qu'il y a quelque chose entre nous, je ne m'accroche pas pour rien, du moins je ne montre pas que je m'accroche. Faire semblant que cela ne nous touche pas, faire semblant d'être indifférente. Entends-tu comment j'ai mal depuis que je suis amoureuse ? Je vais finir par penser que finalement l'amour ne rime à rien et qu'évidemment on ne tombe jamais amoureuse de la bonne personne. Je ne dis pas que c'est la mauvaise personne, mais la relation que j'entretiens avec lui, semble tellement horrible, MERDE. Je crois bien que les relations d'un soir c'était beaucoup plus simple, aucun avenir = aucun problème au final. Cependant, je suis toujours aussi volage, alors comment arrivé à être fidèle ? Y'a-t-il une recette miracle dont tu aurais oublié de me parler, si c'est le cas ce n'est pas cool. Ce soir, il y a une fête, j'y vais et je boirais pour noyer mon chagrin, ça fait pas un peu dépressive ça ? Non mais parce que je ne suis pas dépressive, j'ai simplement un problème à régler avec mes sentiments. Maman doit être en train de rire à ce moment-même, celle là alors j'espère qu'elle est bien là où elle est. J'ai toujours son médaillon sur moi même s'il fait un peu vieillot, je n'en ai rien à faire. Après tout, ça fait rétro, c'est hype comme dirait l'autre. HAHA.

Où es-tu en ce moment ? Tu sais j'aimerais bien que cet été nous allions aux États-Unis, faire un grand périple, kiffant j'te jure. Je sais qu'on l'a déjà fait mais j'ai tellement envie de le refaire. Voyager, une chance que j'ai un papa comme toi, car je crois bien que j'ai réussi à faire le tour du monde en ta compagnie. Déjà naître sur un bateau en plein océan, ce n'est pas donné à tout le monde, j'ai l'impression que ça fait trop cool alors que tout le monde s'en fout. Petite, je disais n'importe quelle ville car les gens ne voulaient pas me croire lorsque je disais que je suis née sur la mer, les eaux internationales pour être précise tu devais vraiment être paniqué ce jour-là. Je rêverais de voir ta tête, ok je sais qu'on ne se moque pas de son vieux père, mais là trop tentant. Bref, je devais déjà être une chieuse vu le caractère que j'ai aujourd'hui. Dommage que maman soit partie si tôt, je n'avais que onze ans. Elle me rate moi Marianne celle qui est complètement folle, non je ne suis pas folle, je retire. Je crois que je suis gentille et adorable, ça c'est toi qui le dis, mais les gens ils me regardent bizarrement, ils me regardent bizarrement depuis que je suis arrivée, j'en ai pris l'habitude après tout. Je suis assez froide au premier abord, c'est ce que j'ai entendu. Tu trouves que je suis froide ? Baliverne, totalement d'accord. Ok, je veux bien admettre que je suis méfiante et secrète, je rectifie je suis DEVENUE méfiante parce qu'ici ce n'est pas comme quand j'étais avec toi et que je prenais des cours avec le CNED. D'ailleurs les notes, PAPA, j'ai cassé la baraque. Je l'une des meilleures. Je préfère les cours avec pleins d'autres élèves et des profs, mais je ne dis pas qu'avec toi c'était nul, je ne veux surtout pas te vexer. Et tu ne peux pas savoir comme je suis heureuse d'avoir vécu un peu à Londres parce que maintenant je parle un anglais MAGNIFIQUEMENT CORRECT.

J'ai retrouvé plein de polaroid et de photos de nos voyages, on en a vu des choses. Pleins de souvenirs sont remontés à la surface et je me demandais comment allez Fanta, tu t'en rappelles de la petite fille en Afrique du Sud ? Et bien, il y a une photo quand on était petite. JUSTE MAGNIFIQUE. Tu pourras m'envoyer les vinyles ou pas ? Non parce que là ça craint. Y'en a la moitié dans ce pensionnat qui ne comprennent rien à la musique, sérieux ça craint du boudin là. Un bon vieux LED ZEP' pour se remettre d'aplomb je te jure ça marche. J'ai composé une nouvelle chanson avec le ukulélé que tu m'as offert, il gère grave sa grand-mère sérieux. En parlant de mamie, j'espère qu'elle va bien. Cela fait un moment que je ne l'ai pas vu. J'ai l'impression qu'on n'est pas très famille au final. Seulement pour les repas et encore... Tant mieux, la famille ça complique tout. On n'est pas bien tous les deux ?

Ma copine de chambre vient de rentrer, elle râle tout ça parce que c'est le bordel, mais tu me connais avec mon bordel organisée. Quand je vois la pile de vêtement au pied de mon lit additionnait à ceux de mon placard, je me demande comment je faisais lorsqu'on ne faisait que voyager. Bon, je dois avouer que j'avais au moins trois valises et qu'on payait enfin que TU payais toujours une taxe. Est-ce de ma faute si j'aime tant la mode et les vêtements. Je suis bien une FILLE, héhé. D'ailleurs, je te remercie de tout t'on argent, mais j'ai trouvé pleins d'astuces pour avoir des vêtements moins chers, mais une paire de Jimmy Choo c'est toujours plaisant.

Mon petit papounet, je dois te laisser malheureusement.
TU MANQUES ET JE T’AIME.

MARIANNE, TON UNIQUE FILLE.
ET VIVE LE ROCK'N'ROLL.

Au début, l'internat c'était une idée comme ça. J'en parlais souvent avec mon père et puis papa a pensé que j'avais assez voyagé et que je devais à présent me mêler à la population. Au début, j'étais contente puisque j'allais rencontrer de nombreuses personnes et d'un autre côté j'allais être éloigné de papa. Fini la vie de nomade, à moi la vie de sédentaire. Bon, le choix de l'internat, on l'a fait à deux même si l'avis de papa valait beaucoup plus et j'aurais préféré un endroit plus ensoleillé mais bon on ne va pas se plaindre non plus. Entre nous, je pensais que les gens allaient être sympa mais finalement j'ai rencontré des gens comment dire assez superficielle ne pensant qu'à l'apparence. Assez naïve au début, je vous assure je suis devenue très lucide là pour le coup. Donc bienvenue dans la jungle, non mais franchement elles se prennent pour qui ; toutes ces filles, genre j'suis la plus belle et la plus populaire et les garçons qui pensent que toutes les filles vont leurs sautés dessus. La loi du plus forts. Je ne fais pas partie des plus forts pourtant je squatte certaine de leurs soirées dite secrètes. J'ai réussi à me faire une place dans ce monde de fou. Je suis la fille mystérieuse qui fait de la musique et qui ne chercher pas à se mêler des histoires des autres parce que cela vous retombe tout le temps dessus alors moi je dis non merci. Alors, on snobe ceux qui doivent l'être et on ne cherche même pas le dialogue. On reste calme, on ne s'énerve jamais même si c'est super dur. Personnellement, j'aime beaucoup cet internat, d'un autre côté au bout de trois ans, on s'y attache. Je suis contente d'avoir pris une décision comme celle là. VIVE L'INTERNAT, vive les douches froides, vive la sonnerie, vive le petit déjeuner, vive les pauses clopes. Après tout, on se lit d'amitié avec des gens formidables malgré tout.