Ma valise en main, mon foulard de l'autre je marchais lentement, tête baissée. J'arrivais enfin devant le taxi, il était rouge et n'était pas en très grande forme. Je deposais ma dernière valise dans le coffre, et je mis mon foulard, le serrant autour de mon cou. Je me retournais, admirant ma maison. Mon ancienne maison plutôt. Grande, de facade blanche, des fenêtres immenses, de la végétation pour décorer à l'entrée, un chemin de galets qui accedaient au jardin, tout aussi immense avec un potager et un tobogan à moitier rouillé. A l'interieur il n'y avait plus rien, ni meuble, ni tableau, ni plante. Tout avait disparu en une semaine et deux jours, mais à l'interieur les souvenirs resteraient gravés à jamais. Ainsi que dans mon coeur, et dans ma mémoire. Je disais adieu à cette maison, mais aussi à ce pays, si loin du mien. Non, le mien c'était ce pays, j'y avais vécu mes huit première années, et aujourd'hui je devais le quitter pour rejoindre celui de mes parents. En clair je quittais l'Inde, pays magnifique et affreux en même temps, pour aller vivre en Europe, dans un pays qu'on surnomme l'hexagone ; la France. Paris, Marseille, Lyon, Strasbourg, Bordeaux, et tant d'autres villes connus que je n'ai jamais visité, et que je ne veux pas connaitre. Mais je suis obligée de suivre mes parents, mon frère, ma soeur, ma famille. Et ça à cause de la mort de mon oncle. Un cancer, de toute la famille, j'étais la plus proche de lui, on partageait tout, j'aurais voulu encore tout partager avec lui. Il était comme mon père, car lui il était là pour moi. Esmée ! Arrête de rêvasser, et monte dans le taxi ! Façon brutale pour moi de quitter mon pays, mes amis, ma vie. Et encore une fois je devais écouter ma mère.

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J'entendis des bruits de pas. Des clés s'entrechoquaient, des gens toussaient. Je savais qui venait, je savais que j'allais encore recevoir un sermont, que j'allais m'excuser et que le lendemin je serais exactement au même endroit. C'était un cercle vicieux confondu entre le mensonge, l'arrogance, le besoin de contredire et celui de se vider l'âme en buvant de l'alcool dans une fête. Et pourquoi tout ça recommence, je ne sais pas, peut-être que c'est ma façon à moi de dire à mes parents que je suis là, que j'existe, que j'ai besoin d'attention d'eux. Peut-être bien, ou peut-être pas, comment le savoir. J'apperçu alors un policier qui jouait avec ses clés, et à coté de lui je reconnu le costume de travail de mon père. Ils arrivèrent devant la cellule, je me levais de ce lit inconfortable et je me dirigeais vers eux. Le policier ouvrit la porte et me donna mes affaires, mon père le remercia et on repartit comme si de rien n'était. Je rentrais dans la voiture de mon père. Une grosse bagnole de fortuné qu'on reconnait de loin, noire. Je m'installais, attachant ma ceinture, mon père fit de même. Il alluma le contact et la voiture demarra. Elle roula, je regardais pas la fenêtre, personne ne parlait. Un feu rouge, un autre, encore un. La prochaine fois tu pourras me laisser dormir là bas. Dis-je en regardant les voitures par la fenêtre de ma porte. Il rit. Surprise je le regardai, il fit de même. D'un signe de tête je lui demandais ce qu'il le faisait rire. Il tourna et arrêta le contact. On était arrivé devant chez nous. Une maison presque identique à celle d'Inde, en deux fois plus grosse. C'était la derniere fois Esmée, la dernière. Tu vas en internat lundi et tu n'as pas le choix je te previens très chère. Je resta bouch-bée devant ces mots. Moi ? Partir en internat, qui étais-je pour y aller. Je n'en croyais pas mes oreilles. Mais une fois de plus je devais écouter.