CURTIS & JULIETTE

Il devait être au moins quatre heures de matin lorsque je me décidai enfin à quitter la chambre de Lucas. Il s'était endormi et j'avais fait tout mon possible afin de ne pas le réveilleur en sortant. Il ronflai toujours lorsque je fermai la porte de sa chambre. Ce soir-là, il n'y avait pas de soirée d'organisées, pourtant je m'étais tout de même rendue dans sa chambre. Pourquoi ? Je ne savais pas trop à dire vrai. J'en étais venu à avoir besoin de sa présence, de sentir ses bras autour de moi. Nous jouions un jeu dangereux, nous le savions. Mais comment pouvions-nous arrêter alors qu'on avait besoin l'un de l'autre ? La meilleure chose à faire était certainement d'arrêter de se voir mais je faisais rarement la meilleure chose à faire. Pourtant, je savais que je n'étais pas amoureuse de lui. Je l'étais toujours de Kevin et je compensai certainement avec Lucas. Je n'avais pas le droit de me servir de lui ainsi. J'espérai juste qu'il savait qu'entre nous deux, ce n'était pas fait pour durer. Nous n'étions même pas un couple officiel ! Juste des... Amants.
Mes chaussures à la main, je tentai de me faire discrète. Les autres surveillants dormaient, du moins, il me semblait et ce n'était vraiment pas le moment de les réveiller. Je ne voulais pas m'attirer d'ennuis ni même en attirer à Lucas même si je savais que je ne l'aurais pas dénoncé au cas où je me faisais prendre. Je fis tomber l'une de mes chaussures sur le sol. « Putain... » Le mot m'avait échappé et certainement un peu trop fort. Je me mis sur les genoux et commençai à chercher à tatons. Je n'avais aucun lumière pour me repérer et j'avais l'impression de chercher dans le vide. Mais où était donc cette maudite chaussure ? Elle n'avait tout de même pas pu s'envoler. Je finis par retrouver la maligne mais en voulant me relever, je chancelai. Oh non, c'était mauvais signe. Il fallait vraiment que je retrouve enfin mon lit. Je continuai à avancer quand j'aperçus la lumière d'une lampe torche au bout du couloir. J'étais dans le couloir des surveillants et j'allais me faire prendre ! Ma vie était foutue, j'allais me faire virer de l'internat, retourner chez mon père et sa pétasse et perdre tous ceux à qui je tenais. Mais pourquoi n'écoutais-je donc pas ma conscience de temps en temps ?
J'essayai de me plaquer contre le mur mais je savais que c'était peine perdue. Si c'était Shawn, j'allais aller directement dans le bureau de la vieille pie, enfin de la directrice pour la nommer. Je fermai les yeux me préparant mentalement à l'attaque. Je ne les rouvris que lorsque je sentis que la lumière était pointée sur moi. L'inconnu tourna alors la lampe torche vers lui. « Oh merde Curtis c'est toi ! Tu m'as faite peur ! J'ai cru que c'était Shawn. » Je lui administrai une tape sur le torse. Ca lui apprendra à me faire une peur pareille ! Afin de ne pas alerter les autres surveillants, nous nous dirigeâmes vers un petit espace assez éloigné où la lumière filtrait à travers une fenêtre.